Stories Told In Stone
A fourth-century floor mosaic depicting Athena and Marsyas, from a monument in Kelibia
A neat article in today's The New York Times about the ongoing ancient tunisian mosaics exhibit at the J.Paul Getty Museum in Los Angeles, CA. Enjoy!
A third-century mosaic depicting two lions ferociously tearing apart a boar was found in the dining room of a home in El Jem, inland in southern Tunisia. That same room also revealed a nine-foot-long floor portrait of a procession with Bacchus as its centerpiece. (Although the Getty had planned to include the larger piece in its show, experts decided that possible damage made it too risky to remove from the wall of the El Jem Museum in northeast Tunisia, which has one of the world’s richest collections of Roman mosaics.)
1 Comments:
Je voulais commenter plus en détail la mosaïque en photo mais j'ai eu des problèmes d'informatique qui m'ont retardé. :)
Bon alors cette mosaïque représente une partie du mythe de Marsyas, décrit par plusieurs écrivains de l'antiquité tels qu'Apulée de Madaure ou Ovide. On retrouve la même scène, représentée d'une manière quelque peu différente sur une mosaïque de Dougga.
Marsyas est un satyre, donc une créature mi-homme mi-animal... ici il est représenté, en haut à droite, tel un jeune homme plutôt charmant... de même sur une mosaïque d'El Jem. Néanmoins il devrait logiquement être représenté sous les traits d'un être à l'apparence négligée et grossière. D'ailleurs, il porte sur lui une pardalide, c'est-à-dire une peau de panthère, ce qui doit illustrer son côté "sauvage". Ce côté "grossier" est encore renforcé par l'origine phrygienne, donc orientale, de Marsyas ; les phrygiens étaient réputés dans l'antiquité pour leur "rusticité". Il est caché ici derrière une montagne observant la scène principale.
A gauche se trouve Minerve, assise sur un rocher, personnage le plus important par sa taille. Elle porte sur la tête un casque, son attribut classique. Elle porte également une robe rouge ainsi qu'un manteau rejeté sur ses genoux. On remarque aussi l'égide, c'est à dire une peau de chèvre où normalement devrait être fixée la tête de Méduse ; ici l'égide est réduite au minimum, accrochée à l'épaule gauche et ne couvrant que la moitié de la poitrine de Minerve. La déesse est maquillée et elle a des boucles d'oreilles, un collier doré ainsi que deux bracelets à chaque bras ; c'est donc une image de Minerve très attentive à mettre en valeur sa beauté. Elle tient dans chaque main une sorte de flûte longue, à la manière de certains musiciens de l'antiquité qui jouaient de la double flûte. Là elle regarde en direction du personnage à moitié couché à droite.
Ce personnage est une allégorie ; il représente un fleuve... on dit donc que c'est un "dieu fleuve". Il se repère par sa position couchée ou semi-couchée, avec les pieds dans l'eau et accoudé à un roseau... parfois le dieu fleuve a le bras accoudé à un vase d'où s'écoule de l'eau pour préciser encore un peu mieux sa fonction symbolique. Sur la mosaïque de Dougga représentant la même scène, le dieu fleuve est absent, remplacé par l'image du reflet du visage de Minerve.
La signification de cette scène est donc simple : Minerve, en regardant le dieu fleuve, se regarde en fait dans l'eau ! Elle voit son reflet et se trouve laide (cela est indiqué par le fait que le dieu fleuve ne manifeste aucune expression plaisante en la regardant) ; en effet, quand elle joue de la double flûte, elle doit déformer sa bouche et ses joues pour jouer... et vue sa coquetterie, cela ne lui plaît absolument pas, d'où son expression de moue.
Du coup, elle s'apprête à jeter ses flûtes... et Marsyas attend que Minerve jette ses flûtes pour les récupérer et apprendre à en jouer.
La suite du mythe est représentée notamment sur une mosaïque d'El Jem. Marsyas devenu un excellent joueur de double flûte défie le dieu Apollon, également joueur. Le dieu Apollon ne peut évidemment pas supporter d'être défié par une créature fruste comme l'est le satyre Marsyas et donc Marsyas est mis à mort et Apollon déclaré meilleur joueur de double flûte.
Ce mythe souligne, comme bien d'autres, la puissance divine sur les mortels, la supériorité du divin sur l'humain ou le semi-humain en l'occurrence avec Marsyas. Ce mythe est là aussi pour signifier la victoire de l'harmonie du monde sur le désordre, quand chacun respecte la place qui lui est assignée. Nul mortel ne peut être meilleur qu'un dieu, nul ne peut prétendre à prendre une place qui n'est pas la sienne car ce serait rompre cette harmonie ; Marsyas, en défiant Apollon, brise l'harmonie et il est donc logique qu'il soit châtié pour cela.
Ce genre de représentation peut aussi souligner plus simplement, au delà du mythe figuré, une dévotion particulière pour Minerve, déesse très appréciée en Afrique.
Dernière chose, la datation du IVe s. pour cette mosaïque n'a rien de fiable. De manière générale les datations de mosaïques s'appuient sur des critères stylistiques, des rapprochements avec une poignée de documents avec lesquels on cherche à les comparer ; cette méthode, qui est souvent la seule possible n'en demeure pas moins aléatoire.
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